sábado, junho 11, 2005

O "não" pode destruir o projecto europeu: uma análise de René Rémond

René Rémond : «L'absurde détricotage»

"Historien, professeur émérite, président de la Fondation nationale des sciences politiques depuis 1981, René Rémond est élu à l'Académie française le 18 juin 1998 au fauteuil de François Furet. Ce grand témoin du XXe sciècle publiera à la rentrée de septembre une suite à sa célèbre étude, Les Droites en France aujourd'hui (Louis Audibert). A cinq jours de la conférence de Bruxelles, cet Européen convaincu met en garde la France contre ce que ses partenaires ressentent «comme une forme d'unilatéralisme». Explications.

LE FIGARO. ? Après les référendums français et hollandais, un ministre italien issu de la Ligue du Nord a déclenché une bataille en règle contre la monnaie unique. Le non à la Constitution européenne a-t-il brisé un tabou ?
René RÉMOND. ? En dépit de ses défauts et des lacunes, le traité constitutionnel, s'il avait été adopté, aurait eu l'avantage de fixer un cap, en prévenant toute régression. Au lendemain du 29 mai, j'étais accablé et très inquiet, mais je sous-estimais encore les répercussions incalculables du non ; je pensais que nous nous acheminions seulement vers un coup d'arrêt de la construction européenne. En réalité, ce qui nous arrive est bien pire qu'un «coup de froid». L'hypothèse du surplace et du blocage s'avère bien en deçà de la réalité.

Nous sommes véritablement engagés dans un prodigieux retour en arrière, dans un processus à rebours. Chaque jour qui passe défait un peu plus l'oeuvre européenne commune.

Cette construction a toujours été pragmatique et empirique. Même la conférence intergouvernementale ? objet, en son temps, de toutes les appréhensions ? n'avait pas réussi à détricoter l'Europe. Le paradoxe absolu, c'est que le détricotage intervient maintenant, à la suite d'une décision souveraine du peuple français. Une décision qui laisse l'Union en état de choc, à la dérive, privée de son filet de sécurité indispensable.

LE FIGARO. ? Quel regard rétrospectif portez-vous sur la fiévreuse campagne référendaire ?

Fiévreuse, en effet, car, comme on peut s'en réjouir, les citoyens se sont pleinement associés au débat. Pour beaucoup d'entre eux, c'était même la première fois qu'ils étaient littéralement captivés par l'Europe. Mais tandis que le oui est resté atone, voire timoré, le non s'est montré militant et combatif. Ses champions n'ont reculé devant aucune surenchère populiste. Quant aux médias, dont il est de bon ton, dans certains milieux cultivant leur victimisation, de pointer la partialité, j'ai au contraire le sentiment qu'en cette circonstance, ils ont fourni un immense travail d'information, d'analyse et d'explication. Il est donc particulièrement mal fondé d'évoquer un «conditionnement», un «formatage» de l'opinion !

LE FIGARO. ? Comment expliquez-vous les ratés du camp du oui ? Est-ce dû à un défaut de pédagogie ?

Dans une large mesure, le débat préréférendaire n'a pas été «centré».

Il a escamoté les apports les plus positifs de la Constitution. Il a laissé de côté la définition d'une identité européenne, il a passé sous silence la construction d'une personnalité juridique de l'Europe. Enfin, il n'a pas su sensibiliser au caractère novateur et décisif d'un énoncé des valeurs de référence ? notamment au travers de la Charte des droits fondamentaux.

J'ai vraiment du mal à comprendre que la gauche n'ait pas su faire valoir le caractère novateur de la Charte des droits fondamentaux ? cette Charte que les Britanniques, d'ailleurs, ne voulaient pas ! En conséquence, nous avons détruit, par un vote mal informé, le travail de deux générations de bâtisseurs de l'Europe. Et tous les acquis jusqu'ici tenus pour irréversibles révèlent, désormais, leur extrême fragilité.
Ils peuvent, un jour ou l'autre, être balayés par la revanche des égoïsmes nationaux."


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http://www.lefigaro.fr/debats/20050611.FIG0103.html

o mal que o não fez e faz à Europa enquanto projecto novador, indispensável mais ainda que benéfico, porque é a paz que está em causa, só os irresponsáveis demagogos de diretia o não ignoram: mas tal desordem vai no sentido que desejam...