domingo, junho 05, 2005

O "não" tem como única perspectiva a crise

Crise europeia: entre Londres e Berlim

Os partidários do "não" que pensam que a Europa ganhou algo com a recusa, vão ter que confrontar-se com uma realidade incómoda:

- O projecto europeu (e não só o Tratado constitucional) entrou em crise;

- O conglomerado heteróclito do "não" é incapaz de propor uma via alternativa;

- A reunião das recusas da extrema esquerda à extrema direita, dos "marxistas sinceros" aos populistas de variadas cores, é homóloga da que cedeu o passo aos fascismos dos anos 30: ódio dos políticos, xenofobia e medo do estrangeiro, reivindicação social violenta, nihilismo...

O momento actual dá força aos "liberais": os que criticavam o TC por ser demasiado "liberal" reforçam a versão mais liberal da Europa: um simples mercado comum...

Que ilusão pensar que se podia dar um voto "não" que fosse a favor da Europa!

O Figaro descreve a situação commo um triplo jogo de ténis...

"Dans la crise européenne actuelle, deux acteurs tirent leur épingle du jeu: Londres et Berlin. C'est entre ces deux capitales que se joue, ces jours-ci, le sort de l'Europe. Laminé par le référendum, Paris est absent du débat, trop occupé à panser ses plaies, alors que Bruxelles, noyé dans ses «plans B», semble un peu dépassé par les événements.

C'est donc à un grand match Londres-Berlin que le spectateur européen est convié. Le résultat de la partie n'est pas dénué d'intérêt car il déterminera le visage de l'Europe de demain.

Si Londres gagne, c'est la victoire de l'Europe libérale, à l'anglo-saxonne, aussi élargie que possible, un grand marché contrôlé au strict minimum par Bruxelles.

Si Berlin l'emporte, c'est la victoire de l'Europe politique, libre-échangiste, mais surtout fédérale, avec une défense, une diplomatie, et une monnaie commune.

Dans l'Europe bâtarde du traité de Nice, tous les Etats membres n'ont pas encore choisi leur camp. La crise va les obliger à tomber les masques.

Hier, sur le court central, Londres a marqué un point contre Berlin. La rencontre Chirac-Schröder d'aujourd'hui aurait dû être une rencontre à six, un sommet de crise de la «Vieille Europe», entre les dirigeants des six pays fondateurs. Concocté dans le dos de Londres, le projet a échoué. Les Pays-Bas ont déclaré forfait. Sous le choc de son référendum, le premier ministre néerlandais a décliné l'invitation de Gerhard Schröder. Jan Peter Balkenende trouvait l'initiative «risquée» et «maladroite». Londres s'est réjoui de cette balle dans le filet, qui a dissous le sommet de Berlin, transformé en une simple rencontre entre deux dirigeants éclopés.

Sur un autre court, Londres et Berlin se disputent le sort de la Constitution. Est-elle morte ou pas? Dans cette partie, qui s'annonce longue, le score est à égalité. En coulisses, Londres assure que le traité est bien «mort», parce qu'il a été «tué» par la France et «enterré» par les Pays-Bas. Berlin prétend que la Constitution a encore des chances de survie, car elle a été ratifiée par dix Etats membres. Décisif pour l'issue du match, ce jeu passionne les foules.

«Si la Constitution est décrétée morte, c'est l'Europe politique qui est hors jeu», résume un diplomate captivé.

Furieuse de ne pas être de la partie, mais agrippée aux gradins, la France est le plus bruyant supporter de Berlin. «Réaction humaine et normale: les Français ne veulent pas être accusés d'avoir tué la Constitution Giscard!», chuchote un spectateur engagé.

Sur un troisième court, fréquenté par les spécialistes, Londres et Berlin se disputent les «perspectives financières», c'est-à-dire le budget communautaire pour 2007-2013. Dans ce match, Londres s'accroche en fond de court à son «chèque» de ristourne, alors que Berlin, prêt à bouger, demande à son adversaire un peu de fair-play, l'encourageant à monter au filet au nom de la solidarité avec les pays de l'Est. Dans les gradins, Paris siffle contre Londres, mais peine à se faire entendre. Résultats des jeux le 17 juin, à l'issue du sommet de Bruxelles.
[Le Figaro, 04 juin 2005]
Bruxelles : de notre correspondante Alexandrine Bouilhet"